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KINODROM en Europe de l’Est
1er août/1er décembre 2005


Depuis Budapest en août 2005 et jusqu’à Sarajevo en décembre, la caravane itinérante du projet Kinodrom a vadrouillé dans les villes et les campagnes d’Europe de l’Est afin d’organiser des séances gratuites de cinéma.

En collaboration avec les acteurs culturels locaux, une cinquantaine de projections a ainsi été mise en place en Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Turquie et Bosnie. Ces partenariats avec les associations, festivals, maisons de la culture, collectifs locaux… ont permis de créer un réseau de diffusion atypique et de toucher tout type de publics, aussi bien dans divers lieux publics et privés des grandes villes que dans certaines communautés de villages isolés qui ne sont parfois jamais allées au cinéma.

Presque chaque jour, Kinodrom a ouvert un espace accessible à tous permettant, dans un premier temps, à des gens de multiples origines de se rencontrer – minorités locales, jeunes de différents pays, habitants d’un même village mais d’âges différents… – pour ensuite proposer de façon systématiquement gratuite au moins une heure et demie de diffusion. Les projections ont lieu le plus souvent en plein air, parfois en intérieur lorsque les circonstances l’imposent : salles des fêtes, théâtres, anciens bains turcs, bars… tout est bon ! La programmation cinématographique dans des pays dont les langues sont toutes radicalement différentes n’a pas été une mince affaire; on a donc privilégié les films locaux, les films d’animation et les films muets tout en réalisant quelques travaux de traductions et de sous-titrage, notamment «Punishment Park», long métrage de Peter Watkins traduit et sous-titré en roumain grâce à l’un de nos partenaires roumains.

Après avoir avalé un bon bout de route depuis Paris, nous avons commencé par installer notre cinéma itinérant en Hongrie dans le village de Öcs, petit frère du festival de la «Vallée des Arts», qui réunit six villages et accueille des dizaines de manifestations pendant une semaine… Après ces deux premières séances d’échauffement en milieu rural, les choses sérieuses commencent, en plein cœur de Budapest, dans le squat artistique Tuzrak Tar. Tout se passe bien, le public est au rendez-vous, mais la projection est interrompue par la pluie au bout d’une heure…

L’étape suivante nous conduit en Roumanie où l’accueil et la chaleur des gens mettent le soleil dans nos cœurs pendant un mois, un peu aidé et réchauffé par la tzuika, l’eau de vie locale, dont raffolent certains de nos hôtes, il faut bien avouer…Beaucoup de projections dans certaines villes – Arad, Cluj-Napoca, Brasov, Costanta – mais surtout dans des villages d’un autre temps, tout droits sortis des films de Kusturica. Jamais nous ne dirons suffisamment l’accueil qui nous a été réservé à chaque fois… A signaler tout de même, à la fin de notre périple roumain, l’organisation d’un petit festival de cinéma dans le village de Doi Mai, à quelques pas de la frontière bulgare. C’est une étudiante roumaine de Bucarest qui, pour avoir fait un film sur ce village de pêcheurs, nous a convié tout en faisant le relais localement. Bilan : trois jours de festival «made by Kinodrom» avec au programme pêche, plage, poissons grillés, fêtes et projections toutes les nuits sous les étoiles…

Donc, on n’était pas loin de la Bulgarie, ce qui nous a bien aidé à arriver car, en moyenne, on n’est quand même pas très rapides : il nous faut parfois plus de 4h pour faire 50 km… Certes, les routes sont parfois originales… Mais bon, on admire le paysage, des Carpathes aux Rhodopes et on fait parfois des rencontres ahurissantes ; sur la photo ci-dessus, nos amis Petar et Baba Gana (Baba, la mère en bulgare) qui nous ont adopté trois jours durant alors qu’on était en rade d’essence en face de chez eux. Et en dessous, un petit souvenir d’une projection organisée dans un campement rom de la banlieue de Varna : une soirée magnifique, bruyante et dansante... Beaucoup de diffusions aussi en Bulgarie entre les villages, les coins perdus de montagne, les écoles et les campements roms.

A noter la rencontre improvisée d’un collectif de jeunes vidéastes sofiotes au festival de courts métrages de Balchik, sur la côte de la mer Noire. Le courant passe très bien et nous partagerons bien des moments ensemble, de Plovdiv aux Rhodopes et jusqu’à Sofia où, comme il se doit, nos amis nous hébergeront et nous aideront à mettre en place une projection imprévue…

Le périple se poursuit vers l’Asie mais force est de constater qu’en Turquie, il est plus difficile de faire quelque chose en plein air. Ou d’organiser une projection tout simplement. Ainsi cette petite mésaventure dans un village du centre de la Turquie où des militaires interrompent la séance et nous menent tout droit à la caserne pour un interrogatoire en bonne et dûe forme… Plus de peur que de mal mais on remonte quand même vite fait à Istanbul où nos partenaires locaux ont pu préparer le terrain et nous installent dans la cour d’un petit quartier de Pera : les habitants pouvaient voir les films d’en bas, ou d’en haut depuis leurs fenêtres...

Toujours bien motivés malgré trois mois de voyage, nous décidons de pousser jusqu’en Bosnie où l’un d’entre nous a des contacts avec plusieurs collectif d’artistes locaux et le centre culturel français André Malraux. Là-encore, nous rencontrons des gens extraordinaires et l’accueil des artistes du hangar de «Baraké» nous conduit à toujours reculer notre départ. On pousse même jusqu’à projeter à Mostar dans un magnifique hammam restauré et enfin à Travnik sous la neige rigoureuse des Balkans. La boucle est bouclée ! Et puis il a bien fallu rentrer au bercail, la tête pleine de rencontres, d’échanges, d’aventures et la ferme intention de remettre ça, très vite !!


  • Le film du voyage à l’Est : “Kinodrom, de Budapest à Istanbul”

  • Films coup de coeur du voyage

  • Les associations partenaires dans les Pays de l'Est
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